crédit photo : Laurent Frey
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Comment faire face aux défis des changements climatiques dans le Val-Saint-François? C’est la question que se sont posés des organismes communautaires, des municipalités, la MRC du Val-Saint-François et la Santé publique de l’Estrie. Dans le cadre d’un événement rassembleur organisé récemment par l’Inter-CDC Estrie.

Au total, une soixantaine de personnes ont participé à cette rencontre qui se déroulait à Richmond en juin. Une première, pour la région du Val, en ce qui concerne l’enjeu des changements climatiques.

« L’idée de l’événement était de rallier les différentes démarches en lien avec les changements climatiques. Celles de la Corporation de développement communautaire (CDC), de la MRC du Val-Saint-François et de la Santé publique de l’Estrie. Pour réunir, à un seul endroit, l’ensemble des partenaires qui y travaillent», explique Michèle Laberge, coordonnatrice de la Transition socioclimatique pour l’Inter-CDC Estrie.

Michèle Laberge, coordonnatrice de la Transition socioclimatique pour l’Inter-CDC Estrie, est l’instigatrice de cet événement qui a réuni une soixantaine de personnes à Richmond en juin dernier.  (photo : gracieuseté)

Créer un espace d’échanges

L’objectif, ajoute Michèle Laberge, était d’offrir aux partenaires un point de référence commun vis-à-vis de leur compréhension des changements climatiques et de leurs impacts sur le territoire.

« Nous avons voulu créer un espace d’échanges avec nos partenaires sur les principaux enjeux sociaux et les vulnérabilités des populations. C’est important d’aller chercher la perception des gens qui travaillent sur le terrain. Tout en les conscientisant sur les impacts réels et actuels qu’ont les changements climatiques sur nos vies.»

La coordonnatrice croit que cette rencontre a eu des impacts positifs.

« Nous voulons que la voix du communautaire soit présente dans les décisions qui sont prises au niveau municipal et de la MRC. De même, nous collaborons de plus en plus étroitement avec la Santé publique. Pour que les actions soient rattachées avec ce qui se fait sur le terrain. L’événement a permis, aux uns et aux autres, de constater qu’ils se complètent.»

Le milieu communautaire du Val-Saint-François est déjà tissé serré, mentionne Michèle Laberge. « Nous sommes habitués à travailler ensemble. Il y avait dans la salle de nouveaux acteurs. Et je crois qu’eux aussi ont embarqué dans notre effervescence communautaire », glisse-t-elle avec enthousiasme.

Les communautés locales, actrices de premier plan

Cet événement s’inscrit dans un mouvement, partout au Québec, auquel participent les communautés locales et les gouvernements de proximité (villes, municipalités et MRC). Le gouvernement du Québec croit d’ailleurs que ce sont ces acteurs qui sont à même de poser des gestes concrets pour atténuer les impacts des changements climatiques.

C’est pourquoi il a mis de l’avant le programme Accélérer la transition climatique locale. Qui encadre les plans climat que doivent concevoir chacune des MRC. Ces documents serviront de plan d’action, sur un horizon de 5 à 10 ans, vis-à-vis des actions à mettre en place en ce qui a trait à l’atténuation, l’adaptation et au soutien à la transition climatique.

Dans le Val, la MRC a récemment proposé un sondage s’adressant à la population, terminé le 21 juin. Et ce, en vue d’obtenir son point sur cette démarche d’élaboration d’un Plan climat. Qui  sera adopté en 2027.

C’est la première fois que les partenaires du milieu communautaire, municipal et de la santé se réunissaient ensemble, dans le Val, pour discuter des changements climatiques.  (crédit photo : Laurent Frey)

Près du tiers des logements situés en îlots de chaleur

Quels risques climatiques toucheront plus particulièrement le Val? Selon ce qui a été présenté par la Santé publique et la MRC, la région devrait probablement connaître une plus grande fréquence de périodes de chaleur extrême, d’inondations et de maladies transmises, entre autres, par les tiques.

Les canicules augmentent le nombre d’hospitalisations et même, dans certains cas, de décès. Surtout pour des populations plus vulnérables : enfants en bas âge, femmes enceintes, personnes avec des maladies chroniques, etc.

Les milieux de vie où il y a davantage d’asphalte ou de béton, plutôt que des arbres, concentrent encore davantage cette chaleur. Dans le Val-Saint-François, ça concerne près du tiers des logements à Windsor et à Richmond. Qui sont situés dans des zones où il y a présence d’ « îlots de chaleur ». Ce qui représente environ 1200 logements. Même situation à Valcourt, où on compte environ 200 logements dans de tels environnements.

Les municipalités ne restent pas les bras croisés. Récemment, la Ville de Richmond, avec l’appui du gouvernement, a mis en branle un projet de verdissement en vue d’atténuer les effets de ces îlots de chaleur. On peut aussi penser à la plantation de 505 arbres, en juin dernier, sur le territoire de la municipalité du Canton de Melbourne.

La plantation d’arbres à Melbourne, en juin dernier, est un geste concret vis-à-vis de l’atténuation des impacts des changements climatiques.  (crédit photo : Municipalité du Canton de Melbourne)

Michèle Laberge croit qu’en cas de canicules, les organismes peuvent aussi agir très concrètement.

« Lorsque ces situations de chaleur surviennent, les personnes vulnérables sont plus facilement joignables à travers les organismes communautaires. Qui ont déjà des liens avec eux. Les organismes ont une connaissance plus fine de qui vit sur leur territoire. Par exemple de savoir que telle personne âgée habite sur tel rang et qu’elle vit toute seule. Ça permet d’assurer une liaison.»

Selon l’un des scénarios de l’organisme Ouranos, les températures devraient augmenter dans le Val-Saint-François à l’horizon 2071-2100.  (Source : Ouranos)

Huit inondations dans le Val depuis 24 ans

Le Val n’échappe pas non plus aux inondations. Entre 1999 et 2023, parmi les 120 événements qui ont eu lieu en Estrie, huit ont touché le Val. En plus des conséquences pour les infrastructures municipales, ces épisodes ont des impacts pour les résidents en milieu rural. Qui, dans certains cas, peuvent constater une contamination de leur puits d’eau potable.

Davantage de tiques

La région est déjà réputée pour être une zone endémique pour la tique. Les scientifiques croient qu’avec les changements climatiques, de plus en plus de régions, ailleurs au Québec, vont elles aussi constater une augmentation de la présence de tiques.

12 % d’augmentation des dépenses municipales

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) estimait, dans une étude publiée en 2022, à 2 milliards de dollars par année les coûts dévolus aux municipalités pour faire face aux changements climatiques. Une augmentation d’environ 12 % des dépenses totales municipales entre 2025 et 2035. En Estrie, cela correspond à environ 233 $ par année par habitant.

L’événement comportait un volet conférence lors duquel différents intervenants sont venus tracer un portrait de la situation pour l’Estrie et plus particulièrement pour le Val-Saint-François.  (crédit photo : Laurent Frey)

Miser sur la capacité d’agir collective

Michèle Laberge se dit consciente que ces scénarios peuvent engendrer une certaine morosité, voire de l’anxiété chez certains. Aussi, la rencontre misait d’abord et avant tout sur la capacité de résilience des communautés.

« C’est un sujet qui peut créer de la détresse et de l’angoisse. Nous ne voulions pas que les gens sortent déprimés de cet événement. Mais plutôt axer sur le fait que nous avons, toutes et tous, l’élan de renforcer notre capacité d’agir collective. Ensemble, nous avons plus de pouvoir et plus de possibilités d’innover, dans plusieurs secteurs d’activités. »

Tout n’est pas à réinventer

De même, tout n’est pas à réinventer, rappelle-t-elle. Certaines actions concrètes sont déjà en branle depuis un certain temps déjà. Comme par exemple la démarche de carboneutralité, mise de l’avant il y a plusieurs années par l’école secondaire de l’Odyssée, à Valcourt. Ou encore les actions de l’initiative citoyenne Vers un Val Vert et celles des Amis de la Terre, qui avaient précédé.

Une suite déjà prévue

Michèle Laberge se dit contente de la grande participation du milieu. « Ç’a été une grande mobilisation. Exactement l’événement rassembleur que nous avions imaginé », se réjouit-elle.

Tant et si bien qu’elle promet déjà une suite.

« C’est un premier pas. Mais c’est sûr qu’il va y avoir d’autres activités et d’autres actions. Nous souhaitons entre autres travailler davantage sur l’aspect « transition ». Pour mieux outiller les organisations pour qu’elles deviennent des actrices encore plus proactives, même si certaines le sont déjà.»

Une autre rencontre, estrienne celle-là, devrait se tenir au cours des prochains mois à Sherbrooke ou à Magog.

 

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